JUSTICE ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE

Finalement, l’affaire opposant l’usine de farine et d’huile de poisson, “Touba Protéine Marine” (ex-Barna Sénégal), à la communauté des pêcheurs de Cayar sera jugée le 06 octobre 2022. Cette dernière reste déterminée, engagée,  confiante et mobilisée.

Des habitants de Cayar avec leurs banderoles devant la cour d’appel de Thiès après le renvoi du procès par le juge.

À la suite d’une assignation demandant une injonction  pour fermer temporairement l’usine de farine de poisson Touba Protéine Marine (ex Barna Sénégal), le Juge du Tribunal de Grande Instance de Thiès a accordé aux avocats de la défense un report du procès au 06 octobre 2022. L’annonce est faite par Me Demba Ciré Bathily, avocat du “Collectif Taxawu Cayar” à la sortie du tribunal, ce 22 septembre.

Les populations de Cayar, femmes transformatrices, pêcheurs et mareyeurs sont à l’origine de cette action en justice. Avant cette action, plusieurs correspondances ont été adressées aux autorités publiques pour leur faire part de l’impact négatif qu’a l’usine sur l’environnement et les moyens de subsistance de ces populations.  Malgré les différentes manifestations et des pétitions lancées, l’autorité est restée insensible et indifférente au cri de détresse des populations de Cayar. C’est alors que ces acteurs, regroupés au sein du ”Collectif Taxawu Cayar” ont décidé  de saisir la justice sénégalaise pour enfin se faire entendre!

Des habitants de Cayar avec leurs banderoles devant la cour d’appel de Thiès après le renvoi du procès par le juge.

“ Ce procès est inédit” estime Me Ciré Bathily, avocat du Collectif Taxawu Cayar. « Des procès de ce type sont rares dans notre pays, voire dans la plupart des pays africains. C’est un moment historique pour nos institutions afin de protéger les droits environnementaux des communautés locales lorsque ceux-ci sont violés par des entreprises qui ne sont mues que par le profit », a-t-il déclaré à la sortie du procès. La robe noire demeure confiante et optimiste quant à l’issue de ce procès car, selon lui, « l’usine a enfreint à plusieurs reprises le code de l’environnement et l’étude d’impact réalisée avant son ouverture présente clairement d’énormes lacunes ».

Des habitants de Cayar avec leurs banderoles devant la cour d’appel de Thiès après le renvoi du procès par le juge.

« Barna, une usine pollueuse »

Selon Allé Sy, membre du collectif Taxawu Cayar, l’usine “Touba Protéines Marine”, dégrade fortement le cadre de vie des habitants. Il dénonce ainsi « le déversement des eaux usées de l’usine dans le lac Mbawane, qui est relié à la nappe du forage qui alimente la population riveraine en eau potable. Cette situation est très alarmante et inquiétante du fait que l’eau provenant de ce forage dégage une odeur nauséabonde ». De plus, la fumée dégagée par l’usine cause des problèmes respiratoires chez les populations, surtout celles qui souffrent d’Asthme et de maladies respiratoires; En plus de cela l’apparition d’infections dites « maladies mystérieuses » est constatée au sein des populations. À l’en croire, l’hôpital de la localité est submergé toute l’année par des malades, victimes de la pollution de l’usine.

Allé SY, porte-parole du collectif Taxawu Cayar en train de manifester devant la cour d’appel de Thiès

Pour ce premier procès, les habitants se sont fortement mobilisés au tribunal de Thiès. Devant le Tribunal,  ils arborent des banderoles sur lesquelles on peut lire « Justice pour Cayar!» ou encore des inscriptions comme « Non à Barna !» sur des t-shirts.

En attendant, les habitants gardent espoir que le droit sera dit le 06 octobre prochain. « J’ai confiance en la justice de mon pays, ce renvoi va nous permettre de mieux nous mobiliser et nous organiser. Au vu de toutes les conséquences que nous vivons et subissons actuellement, l’affaire sera très vite jugée », soutient Mor Mbengue, un pêcheur de Cayar.

Déterminée, engagée et prête à se battre jusqu’au bout, la population de Cayar ne va pas baisser les bras tant que l’usine ne fermera pas ses portes.

Des habitants de Cayar avec leurs banderoles devant la cour d’appel de Thiès après le renvoi du procès par le juge.

Crédit Photo : Annika Hammerschlag

Amagor Robert NIANG

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