Image Credit: The Bureau of Investigative Journalism

Kinshasa, 3 novembre 2023Une enquête publiée hier par The Bureau of Investigative Journalism (TBIJ) expose l’attribution frauduleuse du bloc gazier Lwandjofu à la start-up canadienne Alfajiri Energy Corporation en janvier dernier.  Créée peu de temps avant le lancement de l’appel d’offres en juillet 2022, la société n’a pas pu présenter les états financiers de ses trois derniers exercices, comme l’exige la procédure, et elle a vu son score technique, minable, revu à la hausse suite à une intervention du ministre Didier Budimbu. Greenpeace Afrique exige du gouvernement une enquête approfondie sur cette affaire accablante. 

“Le processus d’appel d’offres pétroliers et gaziers en RDC est d’une opacité totale, depuis le début. Le ministre n’a pas dit vrai sur la superposition des blocs et les aires protégées; il a doublé le nombre de blocs disponibles sans l’aval du conseil des ministres; il a promis la signature des contrats sous une quinzaine de jours quand la procédure exige des mois; il a caché du conseil des ministres son deal de 2021 avec un entrepreneur des jeux sportifs, à la tête du groupe nigérian Clayhall; il a réceptionné pour son ministère des 4×4 de Perenco quand celle-ci était soumissionnaire.  Le grand perdant de tout ce processus est bien sûr le peuple congolais”, a déclaré Greenpeace Afrique.

L’attribution du bloc Lwandjofu à Alfajiri s’explique par un revirement des experts du ministère des Hydrocarbures. Dans un rapport de décembre de l’année dernière, ils indiquaient que son offre manquait d’informations essentielles telles qu’un plan de travail ou une étude de faisabilité et que seuls trois de ses 20 travailleurs supposés s’étaient réellement engagés dans le projet. Dans l’ensemble, Alfajiri a obtenu la note la plus basse des trois sociétés soumissionnaires pour le bloc. Suite à des “pressions” du ministre, les mêmes experts ont ensuite produit un autre rapport mettant Alfajiri en première place. 

L’enquête de TBIJ affirme également:

“Cinq ans avant d’être nommé à son premier poste ministériel en 2019, il était derrière les barreaux en Belgique. Des documents judiciaires récemment révélés montrent qu’il a été condamné à deux ans et demi de prison pour fraude et blanchiment d’argent, après avoir fait partie d’un groupe accusé d’avoir escroqué 2 millions d’euros à un couple marié en lui faisant du chantage avec des photos de nu. L’argent était envoyé sur des comptes bancaires en Afrique et les recettes étaient également dépensées en produits de luxe.”

Notons que depuis le lancement de l’appel d’offres des blocs pétroliers et gaziers, le gouvernement a du mal à attirer des soumissionnaires. De manière répétée et chaque fois sans explication, il reporte les dates limites de dépôt des candidatures – le cas le plus récent étant le report, pour la troisième fois, des blocs du Graben Albertine jusqu’en mai 2024.  L’appel d’offres de Didier Budimbu, personne – à part Perenco – n’en veut.

“Au lieu de proférer des  menaces de poursuites contre des ONG et des journalistes, et les traiter d’ “ennemis de la République”, le ministre devait apporter des éléments contradictoires face à ces accusations, chose qu’il n’a pas faite.  Nous exigeons donc au gouvernement congolais une enquête immédiate sur la responsabilité du ministre dans cette affaire”, conclut Greenpeace Afrique.

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