Kinshasa, le 12 avril 2024 – Suite à la récente déclaration par la société américaine Wildlife Works Carbon (WWC) que ses projets de compensation carbone au Congo s’étendent sur “plus d’un million d’hectares”, Greenpeace Afrique a été surprise par la conférence de presse du 10 avril du Groupe de Travail Climat Redd Rénové (GTCRR) en réaction à notre communiqué du 8 avril à ce sujet.

Greenpeace Afrique avait signalé une violation de l’article 92 du code forestier congolais.

Le GTCRR reconnaît que quatre concessions totalisant 885 125 ha ont bien été attribuées aux filiales de WWC le 4 mars 2023.  Le chiffre de Greenpeace Afrique de 1 053 420 ha provient des trois contrats publiés dans le Journal Officiel n°21 du 1er novembre 2023 ainsi que du contrat n°003/23, qui n’a pas été retrouvé au Journal Officiel.[1] 

“S’il est regrettable que le GTCRR n’ait pas précisé la source de ses données – ni expliqué en quoi elles seraient plus officielles que celles du Journal Officiel – il est plutôt consternant que le groupe n’ait pas jusqu’ici cru bon de faire état publiquement de l’attribution de ces méga contrats. Car le GTCRR ne semble pas du tout contester le fait qu’une seule personne morale – WWC – a bien été attribuée des concessions dont la superficie dépasse de loin la limite légale de 500 000 ha.  Par contre, ses arguties selon lesquelles les trois filiales de WWC ‘n’ont pas les mêmes actionnaires et ont été enregistrées distinctement au Guichet Unique’ sont lamentables”, déclare Greenpeace Afrique.

“La redevabilité des responsables politiques de ce pays ne débutera pas tant qu’on continue à permettre aux multinationales de faire le petit malin.  On sait très bien que la ‘Société de restauration forestière et d’aménagement (SORFA)’ c’est WWC, que ‘ERA Congo’ c’est WWC et que ‘WWC-Congo’ c’est WWC”, remarque-t-elle. 

Concernant le beau geste commercial que le ministère de l’Environnement a accordé à WWC que Greenpeace Afrique a signalé dans son communiqué – son exemption “des dispositions de l’article 82 du code forestier relatives à la garantie bancaire ou cautionnement” – la ligne de défense de la société, par le biais du GTCRR, nous laisse sur notre faim : “les trois sociétés […] ont présenté au Ministre et à la Société Civile environnementale, des extraits de compte en banque en RDC ayant des sommes suffisantes pour la conduite de leurs activités.”

“Est-ce bien une garantie bancaire, le fait d’avoir de l’argent sur son compte ?  Et quid si on le dépense le lendemain ?  Quoi qu’il en soit, ce serait intéressant de voir le bout de papier que la SORFA aurait présenté à Eve Bazaiba et à ses accompagnateurs de la société civile.  Avoir un compte bancaire avant d’être immatriculée au registre du commerce ne posait-il pas de problème pour la (pas encore) société ?” s’interroge Greenpeace Afrique.

“Malheureusement, à notre constat que la SORFA a signé ses contrats avant d’avoir été inscrite au registre de commerce, le GTCRR n’a pas répondu, ni le ministère non plus.  Il est curieux que, une fois de plus, le GTCRR réagisse à un communiqué de Greenpeace Afrique à la place de la ministre”, conclut Greenpeace Afrique.

FIN

Contact:

Raphaël Mavambu, Media et Communication, Greenpeace Afrique, [email protected]


[1] Nous avons signalé dans notre communiqué que les données géographiques indiquées dans le Journal Officiel pour la concession n°004/23 sont incohérentes : “La superficie de trois de ces concessions totalise 771 125 ha.  Celle de la quatrième est inconnue : le Journal Officiel indique qu’elle est de 282 295 ha, mais la situe de façon manifestement erronée.”