“Les dix plus grandes sources ponctuelles de NO2 identifiées en Afrique sont toutes des centrales thermiques, dont neuf en Afrique du Sud, appartenant à ESKOM, et la dixième en Côte d’Ivoire.

Johannesburg, 28 mars 2024 – L’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud sont devenus les pays les plus pollués d’Afrique en termes de charge de morbidité due à la pollution de l’air, ce qui a de profondes conséquences sur la santé des populations africaines et aggrave l’impact sur le changement climatique, comme le révèle un rapport préparé par Greenpeace Afrique et Greenpeace MENA.

Intitulé “ Pollution de l’air en Afrique: Les principaux coupables démasqués ”, le rapport étudie les principales sources humaines de pollution de l’air en Afrique, en se concentrant sur les principaux secteurs industriels et économiques, notamment l’industrie des combustibles fossiles. Chaque année en Afrique, 1,1 million de décès prématurés sont liés à la pollution de l’air. 

Dr Aidan Farrow, scientifique principal aux laboratoires de recherche de Greenpeace, a déclaré : “Dans de nombreuses régions d’Afrique, le manque de surveillance de la qualité de l’air [1] a permis à la pollution de rester cachée. Cependant, il existe de nombreuses preuves que les nations africaines sont confrontées à une grave crise de santé publique due à la pollution de l’air. Les causes profondes de cette crise sont les émetteurs de polluants atmosphériques. Les données fournies par les satellites et même les ventes de carburant dans chaque pays permettent aux scientifiques d’étudier les sources d’émission. Ces données indiquent les points chauds les plus importants, les plus grandes contributions à la pollution et les personnes qui en sont responsables. Les données sont claires : des régions comme Mpumalanga, en Afrique du Sud, où la combustion du charbon pour la production d’électricité est une industrie majeure, se distinguent vraiment. 

Le rapport indique que l’Afrique abrite certains des pires points chauds du monde en matière de dioxyde d’azote et de dioxyde de soufre, qui sont tous principalement liés aux centrales thermiques. Le rapport indique également qu’Eskom, une entreprise de services publics dont le gouvernement sud-africain est l’unique actionnaire, exploite un grand nombre des centrales les plus polluantes d’Afrique du Sud.

Les principales conclusions du rapport sont les suivantes :

  • L’exposition à la pollution atmosphérique est le deuxième facteur de risque de décès en Afrique (HEI 2022), et le respect des lignes directrices de l’Organisation Mondiale de la Santé pourrait se traduire par des gains significatifs en termes d’espérance de vie.
  • Les émissions de polluants sont à l’origine d’un nombre considérable de décès prématurés en Afrique. L’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud affichent régulièrement une charge de morbidité importante, la mortalité la plus élevée étant liée à la pollution atmosphérique due aux combustibles fossiles dans ces pays.
  • Six des dix plus grands points chauds d’émission de NO2 au monde se trouvent en Afrique, tous en Afrique du Sud.
  • Deux des dix plus grands points chauds d’émission de SO2 identifiés dans le monde se trouvent en Afrique du Sud.
  • Sur les dix plus grandes sources ponctuelles de SO2 identifiées en Afrique, neuf sont des centrales thermiques et une est liée à un complexe de fonderie au Mali. Quatre de ces centrales sont situées en Afrique du Sud et appartiennent à ESKOM, deux au Maroc et en Égypte, et une au Zimbabwe.
  • Des études d’impact sur la santé suggèrent que l’espérance de vie pourrait être améliorée de trois ans dans certaines nations africaines si la qualité de l’air était conforme aux lignes directrices de l’OMS.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’exposition à la pollution atmosphérique, notamment au dioxyde d’azote et au dioxyde de soufre, peut entraîner des problèmes de santé à court et à long terme. Il s’agit notamment de maladies cardiaques et pulmonaires, de problèmes de grossesse, de problèmes rénaux et de cancers.

“Nous appelons de toute urgence les gouvernements d’Afrique du Nord à adopter les recommandations du rapport, en particulier l’installation de dispositifs de surveillance de la qualité de l’air et l’accès à des données en temps réel. Cette approche proactive permet aux communautés affectées de s’adresser à leurs gouvernements pour qu’ils agissent, de prendre en charge leur bien-être, de prendre des décisions informées et de travailler collectivement pour des environnements plus propres et plus sains” souligne Sarra Ben Abdallah, responsable de la campagne MENA de Greenpeace

“Depuis trop longtemps, les habitants de Mpumalanga portent le fardeau de la dépendance de l’Afrique du Sud à l’égard du charbon, non seulement dans l’air qu’ils respirent, mais aussi dans les opportunités qui leur sont refusées. La pollution provenant des usines de charbon, telles que celles exploitées par Sasol dans notre région, a non seulement terni notre santé, entraînant des échecs aux examens de santé et des maladies chroniques, mais elle a également assombri notre avenir, nous laissant sans emploi car les entreprises choisissent d’embaucher à l’extérieur en invoquant notre “inaptitude” au travail. Ce rapport de Greenpeace met en lumière notre lutte, en établissant un lien entre chaque bouffée d’air pollué et l’injustice systémique qui alimente le chômage et les disparités en matière de santé à Secunda”, déclare Fana Sibanyoni, une militante de la région de Mpumalanga.

Le rapport présente des recommandations pour résoudre le problème critique de la pollution de l’air en Afrique, en insistant sur la nécessité d’investir dans les technologies propres, en particulier dans le secteur de l’énergie. Les institutions internationales ont une responsabilité importante dans le développement durable du continent africain.

Bon nombre des causes de la pollution atmosphérique, telles que la combustion du pétrole, du charbon et du gaz, sont également des sources d’émissions de gaz à effet de serre. Les politiques visant à réduire la pollution atmosphérique offrent donc une stratégie gagnant-gagnant pour le climat et la santé.

FIN

Notes :

[1] Le rapport souligne la rareté de la surveillance de la qualité de l’air en Afrique, révélant que la base de données de l’OMS sur la qualité de l’air ambiant pour 2023 comprend des données provenant de seulement 14 pays d’Afrique continentale. Le rapport de l’IQAir sur la qualité de l’air dans le monde pour 2022, qui s’appuie sur des données provenant d’un éventail encore plus large de sources, a révélé que les données de surveillance ne sont disponibles que dans 19 des 54 pays d’Afrique. De même, seuls 19 pays africains disposent d’une législation intégrant des normes de qualité de l’air ambiant, selon la première évaluation mondiale de la législation sur la pollution de l’air réalisée par le Programme des Nations unies pour l’environnement.

Contacts :

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